Pour commencer, vous souvenez-vous de votre premier chagrin d’amour ? Vous devez sûrement facilement vous souvenir de la douleur émotionnelle intense qui vous a envahie. Le chagrin, la tristesse, le désespoir… Mais vous rappelez-vous de la douleur physique qui a suivi ; ce poids sur la poitrine, cette sensation d’entrailles qui se déchirent, et de ce cœur…qui se brise ? Ce n’était pas dans votre imagination, votre cœur a bien failli se briser, littéralement.
Avez-vous déjà entendu parler du takotsubo ? Ce mot japonais (qui signifie piège à poulpe) désigne ce syndrome méconnu, fantasmé, romantisé et qui fait pourtant des ravages : le syndrome du cœur brisé. Son nom savant est la cardiomyopathie. Une cardiomyopathie, ou myocardiopathie, est une maladie qui touche le muscle cardiaque et réduit la capacité du cœur à pomper le sang riche en oxygène vers le reste du corps. Cela peut entraîner une insuffisance cardiaque. Le cœur se tord, prêt à lâcher.
Depuis quelques années, des scientifiques se sont penchés sur la question pour déconstruire ce mythe du chagrin d’amour mortel. Et ils se sont rendu compte que ce mythe…s’est révélé réalité. En effet, les études ont prouvé que suite à une nouvelle inattendue provoquant une émotion intense, un stress émotionnel extrêmement fort, le cœur est sidéré, paralysé. Il réagit en se déformant, ne jouant alors plus son rôle de pompe. Les risques d’un accident cardiovasculaire sont alors très élevés. Il peut s’en suivre un arrêt cardiaque dans 3% des cas; c’est pourquoi le syndrome du cœur brisé est une urgence absolue.
Ce syndrome encore méconnu interroge sur sa provenance et son mécanisme. D’après la cardiologue Dr Templin-Ghadri : « Les chercheurs se concentrent trop sur le cœur et oublient l’importance du cerveau dans cette maladie». En effet, si une émotion intense provoquerait cette réaction du cœur, on sait aujourd’hui que c’est par le cerveau que nos émotions sont traitées et envoyées ensuite en information à notre corps. Mais alors, que se passe-t-il dans notre cerveau pour que notre corps réagisse si violemment ? Dans une récente étude, une équipe de chercheurs suisses a analysé l’activité cérébrale de 15 patients souffrant d’un syndrome de takotsubo, et de 39 autres personnes en bonne santé. Voici la conclusion du Dr Templin-Ghadri : «Nos résultats montrent que les patients avec un TTS (syndrome du cœur brisé) ont une connectivité cérébrale altérée qui se traduit par un traitement des émotions différent. Cela pourrait les rendre plus sensibles aux émotions fortes».
Ces études prouvent qu’il y aurait une prédisposition à être victime du syndrome de takotsubo chez les personnes ayant des difficultés à gérer leur stress et leurs émotions. A cause d’expériences traumatiques, d’un passé douloureux, nous pouvons avoir notre capacité d’adaptation quelque peu diminuée face à ces situations de stress émotionnel intense. Comme si notre cœur ayant déjà été malmené par le passé se défendait moins bien face à de nouvelles crises émotionnelles.
Chaque année en France, 1500 personnes sont victimes du syndrome du cœur brisé. Un chagrin d’amour, la mort d’un être que l’on aime, la perte d’un emploi…. nous pouvons tous être touchés par la cardiomyopathie. Encore plus si vous êtes une femme (environ 9 femmes pour 1 homme), que vous avez passé l’âge de la ménopause et que vous êtes de caractère plutôt stressée, anxieux. Il suffit d’un stress de trop pour déclencher un takotsubo. D’ailleurs, durant la période stressante du covid, les cas ont été multipliés par 5.
Le syndrome du cœur brisé peut faire peur, mais il est dans la grande majorité des cas sans conséquences ni séquelles sur la personne. Vous pouvez surtout vous protéger en réduisant votre stress, notamment grâce à des exercices de respiration. La cohérence cardiaque est une méthode douce de respiration qui permet de réduire le stress en régulant sa fréquence cardiaque.
A vos marques… 1, 2, 3… Respirez !